Le Nouveau bestiaire fantastique by John Flanders

Le Nouveau bestiaire fantastique by John Flanders

Auteur:John Flanders [Flanders, John]
La langue: fra
Format: epub
Tags: BIB Fantastique
ISBN: 9782843626296
Éditeur: Éd. Terre De Brume
Publié: 2017-04-04T22:00:00+00:00


FIFTY-FIFTY

Le Korongo[10] était large et sec, la terrible chaleur des dernières semaines en avait bu la dernière goutte d’eau, et il n’en descendait plus des montagnes vers les vallées torrides.

Hans Dregger eut la chance de découvrir un minuscule marigot, où stagnait encore un peu de pluie. Elle était saumâtre et fétide, mais il put en avaler une gorgée et en baigner son front.

Depuis des jours, il suivait les traces d’un groupe de dix ou douze lions qui dévastaient les troupeaux en pâture sur les bords du Veldt. Autour de la mare de nombreuses traces d’animaux sauvages étaient visibles : des herteveesten[11], des rhinocéros et surtout des lions ; les empreintes plus légères des antilopes et des zèbres, étaient vieilles d’une lune, ce qui prouvait que ces bêtes timides n’osaient plus s’approcher de cet abreuvoir.

Hans laissa errer ses regards sur la vastité sans miséricorde : à un quart de mille s’élevaient d’épais taillis de « haak en steek »[12], plus loin un énorme acacia dominait une mer de buissons brûlés, plus loin encore ondoyait la plaine herbeuse.

Hans soupira : il n’était qu’un pauvre diable de chasseur de lions, à qui les propriétaires des troupeaux faisaient appel pour un bien maigre salaire.

Il chassait sans chiens, qui coûtaient cher et dont il n’aurait pu supporter la perte, et ne pouvait se permettre que l’aide d’une paire de lamentables cafres.

Ces derniers avaient remonté le Korongo dans l’espoir de tirer une chèvre sauvage pour le repas du soir. Mais ils tardaient à revenir et Hans les connaissait suffisamment pour ne plus guère espérer leur retour.

— Bah, murmura-t-il, cela ne me coûtera qu’une paire de mauvais fusils, mais pour l’heure cette perte m’est pénible.

Ah, s’il pouvait enfin tuer un lion et toucher la prime de huit livres sterling, sans compter ce que rapporterait la peau, à condition d’être belle et pas trop abîmée.

Le soir tombait ; au loin vers les montagnes, roulait un tonnerre assourdi : les lions. Mais se dirigeraient-ils vers le point d’eau ? Rien n’était moins certain. Le Korongo n’offrait que de discutables places propices à une embuscade au cas où les grands fauves se décidaient à l’approcher.

Hans vérifia son fusil et se dirigea vers l’acacia.

Tout à coup il s’arrêta, comme cloué au sol. Hors du taillis de « haak en steek » venaient de jaillir deux souples silhouettes qui, elles aussi, se dirigeaient à toute allure vers l’arbre solitaire.

C’était une lionne et son lionceau et Hans se demanda avec étonnement, pour quelle raison ces bêtes avaient bien pu quitter le groupe dont elles devaient faire partie.

Cette raison il la trouva assez rapidement : la lionne boitait, de temps à autre elle s’arrêtait pour se lécher la patte en poussant des grognements de souffrance.

Dregger était un chasseur et, pour lui, la lionne signifiait six bonnes livres anglaises, mais il lui répugnait de faire un orphelin du petit.

Si les cafres avaient été là, il aurait tenté de le prendre vivant, ce qui lui aurait valu un certain profit, mais seul il ne pouvait y songer.



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